Premières mesures Antisémites

Après une longue période d’attentisme et d’hésitations face aux provocations et à l’avancée des troupes hitlériennes, la France entre en guerre contre l’Allemagne, le 3 septembre 1939, à la suite de l’invasion de la Pologne. Mais, en quelques mois, l’armée allemande envahit la France. Le 14 juin 1940, la Wehrmacht fait son entrée dans Paris. Le maréchal Pétain, appelé pour sauver la France, signe l’armistice le 22 juin 1940, à Rethondes. La grande majorité des parlementaires (400 pour et 80 contre) se rallie au vainqueur de Verdun et lui octroie les pleins pouvoirs. La population, qui s’est retrouvée en nombre sur les routes de l’exode, l’accueille avec un mélange de soulagement et de résignation.

Apeine investi, ce nouveau régime entreprend rapidement un rapprochement avec l’Allemagne qui sera scellé par la rencontre entre Hitler et Pétain, le 24 octobre 1940, à Montoire. La population juive de France est alors prise sous le feu conjugué des ordonnances de l’occupant allemand et du gouver- nement de Vichy qui tente de prouver sa capacité à mettre en place un antisémitisme à la française.

Lois, décrets et ordonnances se succèdent peu après l’armistice, isolant les Juifs de France, les dépossédant de leurs biens et de leurs droits et les éliminant progressivement de la vie économique. La première ordonnance allemande est édictée le 27 septembre 1940. Elle exige le recensement de la population juive en zone occupée qui sera effectué par l’administration française en octobre 1940. Comme cela sera souvent le cas, le gouvernement de Vichy promulgue de sa propre initiative des lois antisémites, encore plus radicales que les ordonnances allemandes: le Statut des Juifs du 3 octobre 1940 mentionnera ouvertement la notion de race juive.

Sous l’impulsion de la Gestapo, Vichy crée en mars 1941 le Commissariat Général aux Questions Juives, un véritable outil administratif destiné à exacerber l’ardeur antisémite de l’administration et de l’opinion publique.

En novembre 1941, afin de mieux contrôler la communauté juive, Vichy oblige toutes les oeuvres juives à se dissoudre pour former l’Union Générale des Israélites de France. Les Juifs d’Algérie, Français depuis le décret Crémieux de 1870, sont déchus de leur nationalité et soumis à un régime d’exclusion. Les premières mesures discriminatoires ne soulèvent aucune véritable protestation de la part des corps constitués ou des intellectuels, à l’exception des responsables spirituels de la communauté juive. Progressivement, le régime de Vichy procède à l’internement des Juifs étrangers puis aux premières rafles dès 1941.

Ces persécutions sont accompagnées d’une campagne de propagande violemment antijuive, sur le modèle des campagnes orchestrées par Goebbels, dont le but est de marginaliser les Juifs au sein de la société française. A l’exposition « Le Juif et la France » (au Palais Berlitz du 5 septembre 1941 au 11 janvier 1942), véritable temple du délire antisémite, caricaturistes et pseudo-ethnologues figent ainsi les traits de celui dont les Français devraient se méfier. L’idée d’un complot juif mondial est reprise et permet ainsi de la façon la plus triviale et la plus simpliste d’expliquer la guerre mondiale par cette trop classique et trop connue théorie du complot.

L’un des buts des propagandistes est donc d’instaurer en France une véritable psychose afin de faire naître dans la population, la haine du Juif, qui devait par la suite justifier les différentes étapes de la « Solution finale ». En fait, une certaine propagande purement nationale travaillait à convaincre l’opinion de ce que, depuis les années 30, la « Maison France » était « enjuivée », incluant dans son champ de tir les francs-maçons, voire, lorsque la matière manquait pour accuser les juifs, les « alliés des Juifs ». Propagande paranoïaque qui voit des Juifs partout, mais surtout propagande cataclysmique, qui corrode les fondements moraux d’un pays où plus de cent cinquante ans auparavant étaient nés les Droits de l’Homme.

 

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