Le port de l’étoile jaune

A la fin de l’année 1941, les allemands mettent en place le marquage des Juifs, première étape de la « Solution finale ». Comme dans le Reich où cette mesure est appliquée le 1er septembre 1941, ils prévoient d’utiliser une étoile de David en tissu jaune portant l’inscription « Juif ».

Devant les réticences de Vichy à appliquer cette mesure, ils l’introduisent eux-même en zone occupée. Une ordonnance du 29 mai 1942 impose le port de l’étoile à tous les Juifs agés de plus de six ans. Cette mesure touche quelque 100.000 Juifs dans la région parisienne.

Au premier jour d’application de la mesure le 7 juin, quelques Parisiens, des jeunes surtout, témoignent de leur solidarité active en arborant dans la rue des étoiles portant des inscriptions telles que « Swing », « Auvergnat », « Papou », ou même l’insigne « Juif ». Pour ce témoignage de solidarité, une vingtaine d’entre eux sera arrêtée et emprisonnée durant trois mois, à Drancy pour les hommes et à la caserne des Tourelles pour les femmes.

Les Allemands constatèrent très vite que l’état d’esprit général est plutôt celui d’une certaine compassion en faveur des Juifs (...). Il règne une grande indignation unanime au sujet des étoiles juives. Cette mesure est aussi condamnée par des antisémites, particulièrement parce qu’elle touche également les enfants obligés de porter l’étoile. En fait, l’étoile jaune a entraîné la première désapprobation populaire perceptible à l’encontre des mesures antijuives, et a sorti les Français de leur apathie dans ce domaine, préparant les gestes de solidarité dont ils feront preuve quand la liberté et la vie des familles juives seront en jeu.

Conséquence du port de l’étoile jaune: la 9ème ordonnance allemande, le 8 juillet 1942. Elle empêche les Juifs devenus maintenant aisément repérables de se mêler à la vie des Français non Juifs. Les arrestations massives de Juifs débuteront une semaine plus tard. Chargée de veiller au port réglementaire de l’étoile jaune, la police française arrêtera dans les mois qui suivront des centaines de Juifs en infraction qui seront conduits à Drancy et déportés.

Après l’occupation de la zone libre, le gouvernement de Vichy impose, par la loi du 11 décembre 1942, la mention « Juifs » sur les cartes d’identité et d’alimentation. En cette période où les contrôles d’identité sont incessants, les Juifs ne portent pas leur origine sur leur poitrine, mais sur leur papiers.

A lire également: