L’Armée Juive
A Toulouse en août 1940, David et Ariane Knout d’un côté et Abraham et Eugénie Polonski de l’autre, tous issus du sionisme révisionniste, se regroupent pour fonder une organisation secrète baptisée Forteresse juive ou Main forte. Les buts de cette organisation sont définis dans le manifeste « Que faire » écrit par David Knout, un poète d’origine russe: création d’un Etat juif mais également défense du droit des Juifs à vivre en dehors de la Palestine.
Polonski élargit l’organisation en ralliant à lui Aron Lucien Lublin, un sioniste socialiste. Et, le 10 janvier 1942, l’Armée Juive (AJ) est créée. Jusqu’à l’été 1942, Polonski et Lublin recrutent des militants de l’AJ à Toulouse, Montpellier, Nice, Grenoble, Lyon, et Limoges. Chaque incorporé doit prêter serment sur le drapeau bleu et blanc et sur la Bible, et réciter le serment suivant: « La main droite sur le drapeau bleu et blanc, je jure fidélité à l’Armée juive et obéissance à ses chefs. Que revive mon peuple, que renaisse l’Etat d’Israël: la liberté ou la mort! ». Les rangs de l’Armée Juive sont renforcés par des militants de la Jeunesse Sioniste, mouvement créé en mai 1942 par Simon Levitte et Dika Jefroykin. Les normes du recrutement sont sévères, le secret et l’obéissance indispensables. En 1943, les « Hollandais », de jeunes Juifs d’origine allemande et autrichienne, infiltrés dans l’organisation Todt responsable des chantiers de fortifications du mur de l’Atlantique et de la frontière espagnole, prennent contact avec l’Armée Juive afin d’organiser des passages clandestins à travers la frontière espagnole sous couvert de leurs faux papiers allemands.
A l’hiver 1943, l’Armée Juive constitue dans la Montagne Noire ses premiers maquis. Après avoir fait mouvement de Biques à Lacaune, le maquis de l’AJ s’installera finalement en avril 1944 dans le sud du Tarn à l’Espinassier, et s’intégrera aux maquis de la Montagne Noire sous la responsabilité du lieutenant Leblond (Levy Seckel) de l’Armée Secrète. Au même moment, l’AJ prend le nom d’Organisation Juive de Combat.
Les maquisards de l’Armée Juive affronteront la grande offensive de la Wehrmacht sur les maquis du Tarn en juillet 1944. Il se regrouperont à partir du 17 août et participeront aux actions destinées à empêcher le repli ennemi. Ils anéantiront ainsi une colonne allemande à Saint-Pons dans l’Hérault. Ils prendront part aux combats de la Libération, d’abord sous les ordres des FFI locaux puis en août 1944, en se joignant aux forces engagées dans l’insurrection populaire.