La Milice et les collaborateurs

La participation des mouvements de la collaboration à la traque et à l’arrestation des Juifs reste une question controversée. Les historiens nuancent maintenant le jugement qu’ils ont pu porter sur cette question. Certains membres de partis collaborationnistes ont pris part à titre individuel à des « actions » punitives contre des magasins juifs, d’autres ont profané des synagogues ou s’en sont pris directement à des individus. La plus grande partie de ces actes fut cependant le fait d’exaltés qui se considéraient investis d’une mission quasi officielle de justiciers.
L’action de la Milice fut, elle, d’une toute autre nature. Créée le 30 janvier 1943 par le chef du gouvernement, Pierre Laval, cette formation est destinée à suppléer les forces de l’ordre. Engagée sur le terrain en territoire métropolitain, souvent aux côtés de l’occupant, la Milice se bat essentiellement contre la Résistance. Cependant, elle ne dédaigne pas de s’attaquer à la « lèpre juive ». Son deuxième service procède ainsi aux arrestations de Juifs et les miliciens en uniforme prennent part aux rafles sur la voie publique lors de contrôles d’identité. La Milice liquide Victor Basch, président de la Ligue des Droits de l’Homme, et sa femme, ainsi que l’ancien ministre, Georges Mandel.
Il faut néanmoins observer que les « actions » antijuives sur le terrain furent avant tout l’oeuvre de la Gendarmerie et de la Police françaises aux ordres des préfets et du gouvernement. Le 27 décembre 1943, le chef de la Milice, Joseph Darnand, est nommé Chef de la police de Vichy, sous le titre de Secrétaire général au maintien de l’ordre. Sa présence à ce poste permet aux Allemands d’obtenir l’appui des forces régulières de la Police française pour l’organisation des grandes rafles de Juifs français qui ont lieu en province et notamment pour celle de Bordeaux, le 10 Janvier 1944. 
Le 17 juillet 1942, au cours d’une réunion avec les responsables de la Gestapo, les représentants de la Police française avaient insisté pour que les enfants soient déportés avec leurs parents. Mais si le feu vert de Berlin devait tarder, la séparation pouvait alors être envisagée. En fait, dès le 31 juillet 1942, les mères seront déportées et contraintes par les gendarmes français de se séparer de leurs enfants et de les abandonner. Il reste alors environ 1.800 enfants à Pithiviers et 1.500 à Beaune-la- Rolande qui sont livrés à eux-mêmes dans une détresse totale, malgré le dévouement de quelques assistantes sociales. A partir du 11 août, les internés de Drancy voient arriver de Pithiviers des convois d’enfants âgés de 2 à 14 ans, dont l’état de santé est aussi déplorable que leur moral. Ces milliers d’enfants sont déportés à partir du 17 août 1942 vers Auschwitz et gazés dès leur arrivée.

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