La Gestapo contre les Juifs de France

Karl Oberg, installé par Heydrich lui-même le 5 mai 1942, cumule les pouvoirs de chef de la SIPO et du SD ainsi que du commandement militaire et joue le rôle, auprès du gouvernement de Vichy, d’ambassadeur du Reichsführer Himmler, imposant, dans le domaine des mesures policières, la volonté hitlérienne. Oberg n’est assisté que de quelques S.S. dont l’influent Herbert Hagen, son référendaire personnel. Il s’appuie sur la Gestapo tenue en main depuis juin 1940 par l’habile Helmut Knochen qui ne dispose sur tout le territoire que de 2.000 hommes et par son adjoint, le commandant Kurt Lishka, responsable de la région parisienne.

 D’ autres kommandanturs sont implantées en zone occupée à Bordeaux, Poitiers, Angers, Rennes, Rouen, Orléans, Dijon, Châlons-sur-Marne, Nancy, Saint-Quentin. Après l’occupation de l’ancienne zone libre en novembre 1942, des kommandanturs de la Gestapo s'installent à Lyon, Toulouse, Marseille, Montpellier, Vichy, Perpignan. Le service des affaires juives de la Gestapo en France, nommé IV-J puis IV-B, est placé sous les ordres de Oberg et de Knochen, mais il fonctionne en liai- son directe avec le service des affaires juives de la Gestapo de Berlin dirigé par Eichmann. A Paris, le IV-J est sous les ordres d’antisémites fanatiques: Theodor Dannecker (octobre1940-août 1942) et Heinz Röthke (août 1942-août 1944) qui sera assisté à partir de juin 1943 par Aloïs Brunner, com- mandant, avec un groupe de S.S. autrichiens, le camp de Drancy. Ils organiseront des rafles de gran- de ampleur après septembre 1943 dans le sud-est de la France, ancienne zone d’occupation italienne.
Ce service antijuif de la Gestapo, aux effectifs très modestes, n’aurait jamais pu être aussi effiace sans le concours des forces de police et de l’administration françaises qui ont toujours cherché à dépasser les objectifs des nazis, poussant à la déportation du plus grand nombre possible mais se heurtant au réalisme d’ Oberg et de Knochen dont les préoccupations (telles que le maintien de l’ordre, la stabilité de l’économie française et du gouvernement Pétain-Laval face à l’opinion publique) directement liées à l’intérêt du Reich, étaient prioritaires.

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