Itinéraires d’évasion

A partir de l’été 1942, tournant décisif dans le processus de la « Solution finale », les adultes comme les enfants sont pourchassés par l’occupant nazi et par la police de Vichy, pour être déportés. Le sauvetage devient l’activité principale de nombreuses organisations juives. Afin d’organiser ce sauvetage, il faut trouver des structures d’accueil en milieu rural, acheminer les Juifs par petits groupes vers leur destination et de leur donner une fausse identité, et de créer diverses filières d’évasion clandestines vers la Suisse ou l’Espagne.

Si le sauvetage a dès le début été pris en charge par les organisations juives, il n’aurait pas été réalisable sans l’appui logistique d’organisations non juives, pour la plupart humanitaires ou reli- gieuses (CIMADE, Amitié Chrétienne) ni sans les initiatives individuelles et spontanées de nom- breux Français. Le 26 août 1942 est marqué par la terrible Nuit de Vénissieux: pendant le tri des partants livrés aux nazis en zone occupée, 84 enfants sont soustraits illégalement à la déportation et sauvés par les institutions chrétiennes. A partir d’avril 1943, une coopération étroite entre orga- nismes non Juifs (Amitié Chrétienne et CIMADE) et circuits juifs clandestins (circuit Garel, réseau Abadi, réseau André, ...) permet les premiers passages illégaux en Suisse, sous l’oeil bienveillant des autorités italiennes. L’Italie occupe le sud-est de la France depuis l’armistice de juin 1940 et sur- tout depuis le 11 novembre 1942. L’occupation de cette zone par les Allemands de cette zone à par- tir de septembre 1943 compliquera considérablement ces passages. Les autorités suisses n’hésite- ront cependant pas à refouler de nombreux Juifs venus chercher asile sur leur sol. Pourtant près de 1.500 enfants trouvant refuge en Suisse seront ainsi sauvés. Parmi les convoyeurs qui assurent ces passages au péril de leur vie, la jeune Marianne Cohn, âgée de 21 ans, est arrêtée avec son groupe qu’elle refusera d’abandonner. Son corps sera retrouvé, mutilé, dans le charnier de Ville-La-Grand, le 21 août 1944.

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