Des Juifs dans la résistance

Français de souche ou fraîchement immigrés, de nombreux Juifs ressentent, dès 1940, la nécessité de combattre en tant que patriotes et antifascistes et d’organiser au plus vite les prémisses d’une résistance face au danger permanent qui les menace: les traques, les rafles et les arrestations. Un important réseau, mis en place par les organisations sociales ou politiques de la communauté juive, tente d’organiser l’aide humanitaire et le sauvetage des individus, en particulier des enfants. Ces organisations passeront rapidement à une autre forme de résistance: la résistance armée. Des réseaux juifs totalement clandestins sont créés et s’engagent aux côtés de la Résistance générale: les groupes de combat de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide, le 2ème détachement des Partisans juifs, sont partie intégrante des milices patriotiques, des FTP et des FFI (Francs-Tireurs et Partisans et Forces Française de l’Intérieur); le Service social des Jeunes, émanation des Eclaireurs Israélites de France, s’appuie sur des réseaux catholiques et protestants.

Les Juifs, en tant que tels, créent des réseaux de corps francs. Ainsi, l’Organisation Juive de combat, et son noyau dur, l’Armée Juive, dont font partie aussi bien le Mouvement des Jeunesses Sionistes que les E.I.F. fabriquent, des faux papiers, exécutent des sabotages et organisent l’entraînement militaire des jeunes. Ils agissent principalement contre les institutions et les personnes pouvant nuire aux Juifs ( à Nice, Toulouse, Marseille, Lyon et Paris). Ils sont présents en première ligne, lors d’actions périlleuses. Ce sont les résistants de la M.O.I. et des F.T.P. Une grande partie d’entre eux mourront dans des circonstances tragiques. Souvent démantelés par de nombreuses arrestations, ces groupes se reconstituent et participeront à la libération de Paris.

D’autres structures de résistance sont également mises en place par ces organisations qui créent des maquis dans le sud-ouest dès l’été 1943, notamment à Espinassier. Ces maquis sont unis à la Résistance Intérieure. D’autres Juifs s’engagent dès 1940 dans la lutte contre l’Occupant en rejoi- gnant le général de Gaulle à Londres ou en s’engageant dans les Forces françaises Libres. D’autres encore, comme Daniel Mayer ou Jean Pierre-Bloch, sillonnent la France pour tenter de regrouper camarades et amis et les engager dans leur Résistance. Ici encore, les Juifs sont présents lors des premières batailles contre les Allemands. Autour du chef de la France libre, on trouve des hommes juifs de tout bord politique, comme René Cassin, René Mayer, ou Jules Moch et Pierre Mendès- France, évadés des prisons de Vichy; des officiers comme l’amiral Louis Kahn, Pierre Dreyfus- Schmidt, Jacques Mayer, André Manuel qui sera l’adjoint du colonel Passy au B.C.R.A. (Bureau Central de Renseignements et d’Action) et Jacques Bingen.

Sous leur nom, ou sous des noms d’emprunt, on les trouve également dans la Résistance intérieure. D’autres noms, d’autres réseaux : les époux Aubrac de « Libération », Gilbert Hirsch Ollendorf alias Gilbert Grandval de « Ceux de la Résistance » et qui devient directeur militaire de l’Armée secrète pour la région parisienne, Jean-Pierre Lévy fondateur du réseau « Franc-Tireur ». Chez les F.F.I. et les F.T.P., le nombre de Juifs est important.

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