Camps du Loiret (Pithiviers et Beaune-la-Rolande)
Destinés à l’internement des Juifs. Premiers 3.747 internés le 14 mai 1941. La population des
camps atteint 7.600 personnes en juillet 1942. Entre le 31 juillet et le 7 août 1942, quatre convois d’adolescents et d’adultes quittent ces deux camps pour Auschwitz.
Les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, situés à 23 kilomètres l’un de l’autre, sont administrés par les autorités françaises. Ils dépendent tous deux de l’autorité du préfet du département du Loiret. L’objectif commun des deux camps est l’internement des Juifs. Les premiers internés arri- vent le 14 mai 1941. Suite à leur convocation sur ordre de la Préfecture de Police de Paris, 3.747 hommes dont 3.430 Juifs polonais sont transférés immédiatement de la gare d’Austerlitz vers Pithiviers (1.607 personnes) et Beaune-la-Rolande (2.140 personnes).
Situé à 500 mètres de la ville, le camp de Pithiviers est composé de 19 baraques dont deux pour l’infirmerie. Ce camp, prévu à l’origine pour les prisonniers de guerre allemands, avait servi de Frontstalag pour les prisonniers de guerre français.
Beaune-la-Rolande s’étend sur trois hectares. Il est bordé au nord par des champs et au sud par
des maisons d’habitation. Pour se rendre de la gare au camp, les internés doivent parcourir trois kilo- mètres à pied. Clôturé par une double rangée de barbelés, le camp comprend 18 baraques dont 14 sont occupées par les internés. Les conditions de logement sont très rudimentaires: 100 à 120 hommes par baraque, des châlits couverts de paille et des installations sanitaires réduites au mini- mum. L’alimentation, nettement insuffisante, sera améliorée grâce à l’intervention de la Croix- Rouge et des organisations juives comme le Comité Amelot.
Entre juillet et octobre 1941, 182 internés s’enfuient de Pithiviers et 377 de Beaune-la-Rolande. Ces évasions se déroulent avec la complicité des gardiens, en soudoyant des gendarmes et des douaniers, ou en trompant leur vigilance. En octobre 1941, à la demande des autorités allemandes, la surveillance est sensiblement renforcée et les internés qui avaient été autorisés à travailler à la sucrerie de Pithiviers et dans des fermes environnantes sont renvoyés dans les camps.
Entre le 19 et le 22 juillet 1942, après la rafle du Vel d’Hiv’, les familles avec enfants sont transférées en train dans les camps du Loiret. Dans la précipitation et sans que rien n’ait été prévu par l’administration des camps, 4.544 personnes sont ainsi entassées à Pithiviers et 3.074 à Beaune-la- Rolande. La surveillance des camps devient alors beaucoup plus rigoureuse. Les visites et tout contact avec l’extérieur sont supprimés. Par manque de nourriture et d’hygiène, des épidémies de rougeole et de diphtérie se déclarent, frappant particulièrement les enfants.
Entre le 31 juillet et le 7 août 1942, quatre convois composés d’adolescents et d’adultes quittent les camps du Loiret pour Auschwitz. A chaque départ, les gendarmes doivent séparer les femmes et les enfants à coups de crosse. Les 1.800 enfants de Pithiviers ainsi que les 1.500 de Beaune-la-Rolande sont maintenus dans les camps, arrachés à leurs parents et abandonnés à eux-mêmes. A partir du 11 août 1942, les enfants âgés de 2 à 14 ans sont transférés à Drancy. A partir du 17 août, ils seront déportés à Auschwitz et gazés aussitôt après leur arrivée.