Camps d’Internement

Le premier camp d’internement en France est créé le 21 janvier 1939 à Mende en Lozère, au lieu-dit Rieucros, afin d’y loger les étrangers indésirables, conséquence du décret signé conjointement par Albert Lebrun, Albert Sarrault et Edouard Dalladier. La création de Rieucros marque la mise en place, en France, d’un vaste réseau de lieux d’internement qui évolue au gré des événements.
Après la chute de Barcelone, tombée aux mains des Franquistes le 26 janvier 1939, de nombreux camps ont été construits en toute hâte dans les Pyrénées-Orientales (Argelès, Saint-Cyprien, Barcarès puis Gurs) afin d’y placer les Républicains espagnols. Mais quand la guerre éclatera avec l’Allemagne, ils seront rejoints par des ressortissants allemands et autrichiens parmi lesquels figureront de nombreux antifascistes et des Juifs ayant fui l’Allemagne nazie.
Ala fin de l’année 1939, on compte de 18 à 20.000 internés. Si le gouvernement de Vichy poursuit l’internement de tous les individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité politique, il a pour cible privilégiée les « étrangers de race juive » nommément désignés par la loi du 4 octobre 1940.
Des milliers de Juifs étrangers, exclusivement des hommes, tenus pour étant en surnombre dans l’économie nationale sont alors intégrés dans des Groupements de Travailleurs Etrangers (G.T.E.) sous étroite surveillance policière, tandis que leurs familles sont placées en résidence surveillée (Loi du 27 septembre 1940). Affectés à des travaux souvent pénibles, les membres des G.T.E. sont mal logés et mal nourris et ne perçoivent aucun salaire. A la suite des rafles de l’année 1942, les camps français sont essentiellement peuplés d’internés juifs qui vivent dans des conditions effroyables: épidémies, cachexie sont les conséquences d’une absence presque totale d’hygiène et d’une alimentation dramatiquement insuffisante. Près de 3.000 Juifs mourront ainsi dans les camps d’internement. Si le sort des Juifs internés soulève peu d’émotion au sein de l’opinion publique, les organisations juives soutenues par quelques oeuvres non juives tentent de venir en aide aux internés et à leurs familles. Ce soutien vise à la fois à améliorer le quotidien, par l’envoi ou la distribution de nourriture, de colis et de lettres, mais également à organiser des loisirs pour les jeunes et les adultes grâce à la coopération d’assistantes sociales ou d’éducatrices pour enfants. Des écoles, des synagogues, des ateliers de menuiserie sont ainsi créés dans certains camps où les détenus tentent d’organiser une activité intellectuelle ou artistique afin de tromper l’ennui. Par le biais d’appuis juridiques, ces oeuvres réussissent parfois à faire libérer des internés, surtout des enfants qu’elles par- viennent à placer dans des familles d’accueil et parfois même à faire émigrer. Mais en 1942, les camps d’internement français sont de véritables réservoirs de population dont les effectifs grossis- sent ou diminuent en fonction des déportations.
Le 22 octobre 1940, 7.700 Juifs, expulsés du pays de Bade, du Palatinat et de la Sarre sont transférés au camp de Gurs. En février 1941, environ 40.000 Juifs se trouvent dans les camps d’internement français.

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